Les récompenses pour l’enfant sont-elles une bonne idée?

Les récompenses peuvent-elles nous être nuisibles?

Un moyen de former notre comportement consiste à utiliser la méthode des récompenses. Cette astuce est aussi vieille que le monde: récompenser un comportement souhaitable afin de le transformer en un phénomène récurrent. Mais ce qui est couramment utilisé dans l’éducation des enfants, ou pour maintenir l’engagement des employés, n’est pas toujours une solution “universelle”. Les récompenses peuvent-elles nous endommager?

Chaque parent à au plus profond de lui envie que son enfants garde sa chambre impeccablement rangé, mange tous ses légumes même si il n’en a pas envie ou encore apprenne ses leçons pour avoir les meilleurs résultats possible (et encore se dernier point se discute).

Normalement, vous pouvez d’abord essayer une approche “sensible”, car vos intentions sont bonnes et vous aimez votre enfant (oui normalement on est tous dans le même cas lol). Donner un discours magistral à vos enfants sur la grande importance dans la vie d’être préparé pour un examen, ou la vraie valeur d’une chambre bien rangée est une bonne idée – vous pensez – jusqu’à ce que vous réalisiez que votre enfant reste dans l’ensemble insensible à ce genre de discours.

Vous vous tournez donc vers votre plan B : les récompenses. Chaque fois que votre enfant range sa chambre, vous lui donnez un autocollant. Après 10 autocollants, il obtient un cadeau, comme un jouet ou une friandise. Cette approche porte enfin ses fruits: la chambre de votre enfant n’aura jamais était aussi bien rangé. Et par conséquent, vous étendez ce système non seulement dans la chambre bien rangée, mais aussi pour les bonnes notes à l’école et plus, jusqu’à ce que vous les récompensiez pour chaque comportement souhaitable (à vos yeux bien sur).

Trop beau pour être vrai!!!

Qu’est-ce qui nous motive le plus? Il existe deux approches fondamentalement différentes qui contrôlent le comportement:

Appel à la conscience: ceci est basé sur l’hypothèse que, idéalement, votre comportement devrait être motivé par une conviction intérieure de la vôtre. En ce qui concerne ce que nous avons dit auparavant, cela signifierait qu’un enfant comprend la valeur d’une pièce bien rangée et tient donc à la garder propre volontairement.

“le bâton et la carottes”: Puisque les humains ont la capacité d’apprendre, cette approche estime que la meilleure façon de changer les gens pour le mieux, ou plutôt de les amener à se comporter d’une certaine manière, est de les récompenser pour le comportement souhaitable et de les punir pour les indésirables. un.

Qu’est-ce qui nous motive?

Alors, quelle approche est la plus réussie? Afin de répondre à cette question, faisons un petit voyage jusqu’aux fondements de la motivation humaine. Ici, nous constaterons qu’il existe en fait deux types de motivation:

Motivation intrinsèque: Ce type de motivation provient de l’intérêt propre d’un individu. Un comportement intrinsèquement motivant est en soi motivant et n’a pas besoin de stimulus ou d’attraction extérieur. Elle est conduite comme une fin en soi, un but personnel et non comme un moyen pour une fin.

Motivation extrinsèque: l’inverse est vrai pour une motivation extrinsèque. Un certain comportement n’est effectué que parce que la personne affectée suppose que ce comportement entraînera une certaine récompense ou évitera une certaine punition.

Ces deux types ne sont pas indépendants l’un de l’autre, mais s’influencent plutôt l’un l’autre. Le psychologue Dan Ariely parle de leur corrélation dans son livre “C’est (vraiment?) moi qui décide“: dans un exemple, les éducateurs dans un jardin d’enfants étaient bouleversés car ils devaient souvent faire des heures supplémentaires lorsque les parents étaient en retard pour venir chercher leurs enfants. Ils ont ainsi inventé un système où les parents devaient payer une amende chaque fois qu’ils étaient en retard. Étonnamment cependant, après avoir introduit ce système, les parents n’étaient pas moins en retard, mais en fait plus souvent! Que s’était-il passé? Eh bien, dans le passé, ces parents savaient qu’il était impoli de faire attendre les éducateur donc ils se sentaient mal chaque fois qu’ils étaient en retard (motivation intrinsèque). Cependant, maintenant qu’ils payaient une amende, ils ne se sentaient plus mal d’être en retard (motivation extrinsèque).

La motivation de nos enfants

Comment motiver nos enfants? De nombreuses études ont montré qu’une récompense systématique de leurs performances à l’école se traduit en fait par une diminution de leur motivation intrinsèque à apprendre de nouvelles choses. Les récompenses ont amélioré leur performance, mais leur plaisir d’apprendre et de lutter avec ce qu’ils ont appris à l’école a diminué.

La mise en place de récompenses et motivations extrinsèques pourrait même donner inconsciemment un message négatif sur l’activité ou la tache qu’on demande de réaliser à l’enfant. Et bien oui l’enfant va se demander mais pourquoi me paieraient-ils si la lecture est censée être amusante ?! La récompense pourrait aussi ternir la valeur des prédispositions naturelles pour l’activité ou la tache aux yeux de l’enfant. « J’ai toujours pensé que faire tel chose était cool, mais maintenant tout le monde le fait pour la récompense ! Peut-être que je devrais changer d’opinion. » Si les motivations extrinsèques finissent par prévaloir sur les motivations intrinsèques, les enfants risquent de ne plus vouloir faire l’activité demandé lorsque le système de récompense s’achève. Un autre inconvénient est que la récompense pourrait pousser à se concentrer sur le but (finir la tache ou l’activité) au détriment du procédé (apprécier et comprendre ce qu’on fait). Je voudrais vous raconter une anecdote que j’ai lu dans une étude américaine il y a quelques années pour illustrer cet argument :

 « Mon école primaire avait un programme de récompense en partenariat avec une pizzeria locale qui nous offrait gratuitement une pizza de notre choix lorsque nous avions lu un certain nombre de livres… je me souviens que certains de mes camarades lisaient (ou parcouraient très rapidement !) le plus de livres possibles, juste pour pouvoir gagner le certificat Book It qui donnait droit à la pizza. Après la fin du programme (autour du CM1 ou CM2), lire est devenu « ennuyeux », « naze » etc. 

Cependant, contrairement aux récompenses matérialistes, les récompenses non matérialistes, telles que les éloges ou les compliments, n’ont eu aucun effet négatif sur leur motivation intrinsèque à apprendre.

Attention à l’effet boomerang!

En fin de compte, ce qui est vrai, c’est que même si le système du bâton et de la carotte fonctionne très efficacement sur un court terme vous allez très vite vous retrouver coincé sur du long terme. Effectivement, ce système ne tient pas ses promesses et peut avoir des conséquences négatives sur votre motivation globale. En particulier avec une motivation extrinsèque, il y a le risque que le comportement souhaitable s’arrête dès la fin des récompenses. C’est pourquoi, promouvoir un certain comportement par des éloges et expliquer les avantages d’un comportement particulier pourrait être plus efficace que de simplement récompenser – même si cela prend plus de temps et de passience.

C’est un des points d’ailleurs de nos formations Montessori pour la gestion harmonieuse d’une classe montessori mais cela peut totalement s’appliquer pour votre foyer et vos propres enfants. Je vous ai d’ailleurs rédigé un article sur le sujet.

Si vous avez encore la moindre question sur le sujet, n’hésitez pas a nous mettre un message en commentaire.

Aude.

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